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Un homme si simple

© Alice Piemme

Angelo Bison nous confronte à un personnage guetté par une folie "ordinaire", une dépression aggravée par des pulsions de mort et de vie "déviantes", l’attirance pour la fille de sa compagne, une adolescente de 16 ans qu’il a éduquée en beau-père bienveillant. Les situations sont d’abord traitées avec une distance humoristique. Mais les angoisses croissantes du père adoptif vis-à-vis de ses pulsions pédophiles envahissent progressivement ses confessions menant au "couvent-refuge", l’asile psychiatrique de la Salpêtrière à Paris, puis au suicide. 

La mise en scène minimaliste de Michel Bernard va à l’essentiel : tout est dit par deux faisceaux de lumière dont les contrastes vont à l’essentiel : un homme partagé intérieurement entre ombre et lumière. Aucun phrasé emphatique, on n’est pas dans le drame mais dans la lutte pour y échapper. Sur scène un écrivain "coupé en deux" décrit avec simplicité le nœud complexe de ses névroses. Angelo Bison, une fois de plus, nous donne à voir ces passages entre le normal et l’anormal et la lutte pour échapper à une folie douce. L’expressivité de son visage, de ses mains, son occupation sensible de l’espace nous rappellent qu’avec son complice Michel Bernard, il sait exprimer intensément des états limites où la mélancolie profonde rode et la démence guette. Du prestigieux philosophe Althusser meurtrier de sa femme dans L’Avenir dure longtemps au modeste écrivain André Baillon, guetté par le suicide, dans Un homme si simple Angelo Bison est le passeur de deux destins. Il explore petits et grands gouffres avec son talent d’acteur inspiré. C.J.


Un homme si simple d’André Baillon. Mise en scène et adaptation de Michel Bernard. Avec Angelo Bison.

Création au Poème 2.

Un spectacle Unités/ Nomades en partenariat avec le Poème 2.

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