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Historique des Prix

Des Eve en Tenue de Ville, du brigadier au diplôme, du théâtre à la critique, des années fastes et d'autres silencieuses... L'histoire des Prix Maeterlinck de la Critique n'a pas suivi le cours d'un long fleuve tranquille.


Cette unique reconnaissance des artistes de la scène en Communauté française a tressé ses premiers lauriers en 1952.

En ce temps-là, L'Union de la presse théâtrale, présidée par Robert Chesselet, récompensait une comédienne, un comédien et offrait un prix triennal à un metteur en scène. Ni monnaie sonnante et trébuchante, ni couronne de laurier: les élus recevaient une statuette, une Eve..., une lointaine cousine d'un oncle d'Amérique nommé Oscar!

Rappelons qu'en ces temps anciens, Paris n'avait pas encore imaginé ses Molière. En 1973, Jacques Franck prit la présidence de l'Union et les Eves du théâtre ronronnèrent jusqu'en 1978 puis disparurent trois ans en coulisses, dans la foulée de quelques incidents contestataires, notamment dans les rangs des jeunes compagnies. Dès 1982, les critiques de théâtre s'associent avec ceux de la variété sous le patronyme de l'Association de la Presse du Spectacle et ajoutent à leur menu un prix des Variétés.

En 1987, Catherine Degan reprend le flambeau de la présidence. Sous son impulsion, les Eves se multiplient: Eve de l'écriture dramatique, de la découverte, de la danse, de la contribution artistique, du spectacle, Eve d'honneur... Des Eves, que sculpte désormais René Hausman. De nouvelles turbulences font retomber le rideau une nouvelle fois, de 1993 à 1995.

Un an plus tard, Bernadette Abraté réveille les belles endormies et incite Philippe Lenghor, créateur d'une nouvelle revue consacrée au spectacle, à décerner des prix Tenue de Ville (du nom de sa revue). Rebaptisée Prix du Théâtre en 1998, dotée d'une asbl que préside depuis 2004 Christian Jade, leur existence n'a plus été remise en question, même si l'écrin de la cérémonie de proclamation mue d'année en année, jusqu'à se transformer, les années fastes, en authentiques spectacles. Le jury de critiques de théâtre, de danse et de cirque n'a cessé de diversifier la palette des récompenses. Aujourd'hui, quinze artistes sont couronnés chaque saison, et depuis 2003, en mémoire de Bernadette Abraté (disparue en 2002), un seizième prix porte son nom.Quant aux Eves de Hausman, elles ont passé la main à d'éphémères petits bonshommes à chapeau imaginés par Serge Vandercam, symboles des Prix Tenue de Ville, qui seront eux-mêmes remplacés dès 1999 par des brigadiers, ces longs bâtons garnis de manchon de velours rouge et cloutés de cuivre. Objet certes un rien encombrant et chargé de nostalgie d'une scène d'autrefois. 

Depuis 2004, un diplôme scelle l'élection des artistes. Les prix rêvaient depuis longtemps à recréer un objet-symbole. Cet objet, l'artiste François Schuiten, nous l'a offert dans une forme symbolique multiple. « Je voulais, dit-il, qu’il y ait l’émotion d’une ouverture, comme une scène entr’ouverte, mais aussi une ouverture au monde que le théâtre nous apprend à décrypter. Un monde représenté par deux hémisphères de résine noire avec, au cœur du tout, l’idée de diversité, comme un fruit qui s’ouvre, sensuel, étonnant. Les saveurs de ce fruit sont des essences de bois, claires ou foncées, comme le monde dans sa diversité, formant des contrastes entrelacés, une multitude d’acteurs : c’est la scène du monde. Cet entremêlement de bois au cœur de l’astre sera disposé différemment par le maître artisan Karl-Heinz Theiss, rendant l’objet unique. »

L'asbl, rebaptisée en 2006 Prix de la critique s'appellera désormais Prix Maeterlinck de la critique.

Michèle Friche