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Métamorphoses

Le long poème foisonnant d’Ovide n’a, a priori, rien de théâtral. La métamorphose que produit Pascal Crochet sur le texte en fait un poème scénique et un fascinant objet théâtral qui voyage entre la pensée antique et contemporaine. Satu Peltoniemi, avec qui le metteur en scène collabore pour la quatrième fois, a signé la scénographie et les costumes. Mais l’habillage scénique est une œuvre collective où intervient le travail des lumières de Florence Richard comme le son de Raymond Delepierre. Les neuf comédiens forment une collectivité de scientifiques ou de survivants d’une apocalypse qui évoluent comme des campeurs dans un paysage dévasté où subsistent des traces de nature. Le fond de la scène est occupé par une forêt d’arbres factices faite de planches plantées dans un large bac de terre. À l’avant-plan sur le côté, il y a un cabanon assemblé de bric et de broc avec de matériaux de récup. Une table de camping sommaire, des assiettes en plastique, des chaises viennent compléter ce dispositif. On ne sait pas trop à quoi s’occupent ces âmes en friche sur le plateau, mais ce qu’on sait, ce que l’en ressent, c’est qu’ils sont en osmose avec ce décor dont ils ont fait un grand laboratoire de la transformation des choses et des êtres. Grâce à un livre tombé du ciel dans un aquarium, la pensée du philosophe latin dialogue et s'enchâsse avec celle de nos contemporains. En faisant résonner ces textes tantôt littéraires et poétiques, tantôt philosophiques ou scientifiques, Pascal Crochet nous offre un théâtre visuel où les mots se transforment en images. 

G.B.

Créé au Théâtre des Martyrs.

Adaptation et mise en scène Pascal Crochet d’après Ovide Scénographie Satu Peltoniemi

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