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Laurence Vielle

Rien de plus ni moins que le titre de poétesse nationale. Laurence Vielle a tenu ce rôle en 2016, distinction (et responsabilité?) attribuée en alternance à un francophone et un néerlandophone. Qui de mieux que la fille d’un Suisse (État multilingue lui aussi) et d’une Flamande pour porter la voix d’un peuple qui ne l’est pas vraiment? 

On la connaissait comédienne, elle s’est affirmée autrice de premier plan : en poésie surtout, mais elle ne délaisse jamais le théâtre. Parmi ses faits d’armes majeurs sur scène, on se souvient d’un intense Sainte dans l’incendie de Laurent Fréchuret. Elle va et vient, Laurence Vielle, entre les disciplines. Prenons pour preuve encore Burning, son texte sur le burn out composé pour la performance circassienne de Julien Fournier. De sa plume, elle transforme de troublants témoignages de cette dépression contemporaine en une partition pour l’artiste qui s’exécute sur le plateau. Elle jongle avec les statistiques effarantes de ce phénomène et les projette dans nos oreilles de sa voix rugueuse et dans une rythmique tantôt oppressante tantôt onomatopéique, à mesure que le plateau, lui, se relève tel un mur contre lequel le stress nous envoie à toute vitesse. Ça cogne ! 

Burning poursuit cette recherche d’un cirque contemporain ouvert aux autres disciplines. Ici, il reçoit un texte presque documentaire, poétique sans oublier la réalité. De la belle ouvrage. Comme investie d’une tâche, cette artiste citoyenne mène le combat des mots à travers de multiples initiatives pour nous rappeler que s’il nous reste un devoir, c’est celui de prendre la parole.
N.N.


Burning (Je ne mourus pas et pourtant nulle vie ne demeura) de Julien Fournier (Habeas Corpus Compagnie)

Reprise : du 9 au 21 juillet à Avignon (Théâtre des Doms/L'Occitanie fait son cirque)

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