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I-clit

En entrant dans la petite salle de la Balsamine je ne connaissais rien de Mercedes Dassy hormis qu’elle était une des cinq interprètes, de Ah/Ha, exploration de Lisbeth Gruwez sur le rire considéré comme une "extase du corps". Et je n’avais aucun des "codes" contemporains dont s’inspire la jeune danseuse et chorégraphe : Beyoncé, Death Grips ou Tami Tamaki. Est-ce grave, docteur/doctoresse ? Pas du tout : je me suis laissé embarquer par la force d’un corps très maître(sse) de lui/elle, jouant très bien sur l’essentiel : affirmer ce qu’elle est, une jeunesse qui assume calmement sa double nature, masculine et féminine, force et tendresse (dans quel ordre ?). Et nous propose une sorte d’autoportrait, un selfie dansé de ses états d’âme et de sa réflexion sur la maîtrise de son corps. Elle a déjà une "grammaire" personnelle de ses mouvements, quelle que soit la musique, et maîtrise parfaitement le jeu de la séduction érotique… décalée. Elle oblige donc le spectateur à la voir non comme un "objet" mais un "sujet" qui "offre" des poses et une mise en scène de son imaginaire, sans tomber ni dans la pornographie ni dans la provocation radicale de style Femen.

Et le "message" féministe, me direz-vous ? Il est bien là mais pas comme une démonstration militante. Plutôt comme un état de fait. Mercedes Dassy semble nous dire : "Vous voyez ce corps ? Je l’habite, j’en suis fière, je le maîtrise, techniquement, comme danseuse et performeuse. Et je suis aussi maîtresse des fantasmes qu’il dégage. Il vous fait rêver ? Minute papillon, ne soyez pas dupe. Mon intelligence le dirige, réfléchissons ensemble."

I-Clit est un objet mode, rythmé, qui va au-delà des modes. Et une réflexion féministe incarnée, parfois drôle, souvent émouvante. Un " must ", en somme.
Chr.J.


I-clit de Mercedes Dassy, créé à la Balsamine

Reprise à la Balsamine du 20 au 22/3/19

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