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L'éveil du printemps

Une pièce parlant ouvertement de sexe au sein d’une bande d’ados de 14 ans, en 1891, dans l’Empire allemand, ça faisait plutôt mauvais genre !

Pourtant Wedekind y voyait plutôt "une peinture ensoleillée de la vie associant humour et insouciance" et Armel Roussel fonce dans cette porte ouverte pour dialoguer dans la joie et la mélancolie avec le grand maître allemand. Il l’adapte dans un langage contemporain, conscient que le rapport actuel à la pornographie rend caduque la pudeur mais pas les troubles familiaux. Rapports aux parents et profs abusifs, interrogations sur l’identité sexuelle et les tabous sont dans la tête des jeunes comme des moins jeunes. Et si la nudité des corps a curieusement dérangé quelques spectateurs/trices, d’autres y ont vu un acte de franchise bienvenu pour un texte dont le centre est le désir de vie et l’appel de la mort.

La scénographie très simple – un sol recouvert de terre où les corps roulent leurs désirs ou enfouissent leurs échecs – permet de déployer une esthétique baroque rythmée par deux jeunes "pop rockeuses". L’interprétation exige un esprit choral, spécialité maison, et de fortes personnalités : Nicolas Luçon et deux découvertes, Judith Williquet et Julien Frégé, assument brillamment le trio central. "Je rêve, dit Roussel, d’un spectacle qui nous nettoie et nous donne le goût d’être soi sans fard." Mission accomplie. Un Roussel de maturité.
Chr.J.


L’éveil du Printemps de Frank Wedekind, mise en scène d’Armel Roussel. 

Créé au Théâtre national.

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