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Anne-Claire

Une sonnerie stridente rappelle de manière implacable qu’une nouvelle journée commence. "Oh le beau jour que ça va être, encore un !". Enterrée jusqu’à la taille, Winnie salue pourtant le soleil matinal et retrouve avec le sourire ses occupations quotidiennes : tenter de converser avec Willie, son compagnon, aussi taiseux qu’elle est bavarde, et explorer minutieusement le contenu de son sac "aux profondeurs insondables"

Encore une énième version de Oh les beaux jours, ce grand classique du vingtième siècle …? Eh bien non ! Car Anne-Claire est de ces comédiennes qui, à chacune de leurs apparitions, laissent une empreinte toute personnelle dans les mémoires, quels que soient l’univers abordé, le metteur en scène ou l’importance du rôle. Des alexandrins de Corneille aux phrases mordantes de Paul Pourveur, elle s’empare de tous les répertoires avec la même gourmandise jubilatoire. Des héroïnes tragiques du passé aux figures les plus contemporaines, Anne-Claire est une reine de la métamorphose. 

En subtile connivence avec le metteur en scène Michael Delaunoy, elle brouille ici l’image traditionnelle d’une Winnie amère et désespérée pour en faire une femme attachante et forte, rayonnante d’humanité. Une résistante, coquette jusqu’au bout des ongles, prête à affronter dignement son sort et le rituel répétitif qu’il lui impose. C’est avec un plaisir de petite fille qu’elle détaille brosse à dents, lunettes, mouchoir, carte postale, … comme autant d’objets précieux qui la relient à l’existence et à son vieux compagnon de survie.
D.M.


Anne-Claire dans Oh les beaux jours de Samuel Beckett. Mise en scène de Michael Delaunoy. 

Créé au Théâtre des Martyrs. Coproduction Rideau de Bruxelles/Théâtre de Liège. En partenariat avec le Théâtre des Martyrs. Reprise au Théâtre de Liège du 29 janvier au 2 février 2019.

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