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Nicolas Luçon

Avouons-le d’entrée : quand nous avons appris que Nicolas Luçon allait interpréter le rôle de Moritz dans L’Eveil du printemps, un petit doute s’était emparé de nous. N’était-il pas trop vieux pour ce rôle ? Après le spectacle, nous avions presque honte d’avoir émis cette interrogation. Car qui de mieux que cet acteur, l’un des plus fidèles de la "bande à Roussel" pour porter toute la fragilité et les inquiétudes de ce personnage en proie aux poussées ardentes de l’adolescence ? 

Si les garçons et les filles de la pièce de Wedekind abordent l’éruption des sens avec légèreté et soif de liberté, Moritz Stiefel voit les vibrations qui traversent son corps comme une trahison à l’esprit. Il fallait bien un philosophe pour incarner un personnage si lunaire – Nicolas Luçon est titulaire d’un DEUG de philosophie-  et si touchant. Que ce soit dans les créations d’Armel Roussel (quasi toutes depuis sa sortie de l’Insas) ou celles de sa compagnie Ad Hominem, co-créée avec Julien Jaillot et Denis Laujol, l’acteur nous bouleverse par la lueur contenue dans son regard, curieuse et mélancolique, passant de la joie contenue à une petite folie qui résonne dans les aigus de sa voix ondulée. 

La saison dernière, Nevermore, sa propre adaptation de La poule d’eau de Witkiewicz, demeurait dans la pénombre, des clairs-obscurs qui traduisent parfaitement ce que fait passer Nicolas Luçon dans chacun de ces rôles : l’existence fragile de ses personnages et la force de leurs émotions.
N.N.


L’Éveil du Printemps, de Frank Wedekind. Mise en scène d’Armel Roussel. Créé en Belgique au Théâtre National.

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