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Marie-Aurore d'Awans

Elle est plantée au milieu du plateau, micro dressé, et une formidable énergie émane de sa mince silhouette. Diplômée de l’IAD, Marie-Aurore d’Awans n’en est pas à sa première apparition sur les planches. Mais son talent, c’est ici qu’elle en donne toute la mesure, à travers le beau roman de Lydie Salvayre, Pas pleurer, adapté à la scène par Denis Laujol. L’auteur nous conte l’histoire de sa mère Montserrat, dite Montse, plongée dans la guerre civile espagnole dès l’été 1936. Dans son petit village catalan, Montse est une «mauvaise pauvre», c’est-à-dire «une pauvre qui ouvre sa gueule». Aux côtés de son frère anarchiste, elle découvre la révolution, la liberté et l’amour. Trop vite vient la défaite et la fuite vers la France, seule, son bébé accroché à la taille et à qui elle répète: «Pas pleurer». Elle n’avait que quinze ans à l’époque. Elle en a aujourd’hui nonante-six et a tout oublié de sa vie, sauf cette courte période dont elle livre le récit à sa fille, devant un verre d’anisette. Accompagnée par la guitare de Malena Sardi, Marie-Aurore d’Awans nous offre un vibrant portrait de femme engagée, entre exaltation révolutionnaire, espoirs et désillusions. Forte de ses racines catalanes, elle glisse en virtuose de la narratrice à la vieille maman, du beau français de l’une à cette langue savoureuse que l’autre s’est construite en exil, une sorte de «fragnol» impur et bourré de confusions. Mais son travail raffiné sur la musique des mots ne serait rien sans cette intense présence tantôt intériorisée tantôt déployée à travers tout l’espace du plateau. 

D.M.


Dans Pas pleurer

Texte Lydie Salvayre Mise en scène Denis Laujol (Compagnie Ad Hominem)

Créé au Théâtre de Poche Coproduction Théâtre de Poche, La Charge du Rhinocéros

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