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Isabelle Wéry

On pourrait commencer par la formule consacrée: on ne présente plus Isabelle Wéry. Car on croit tout connaître d’elle: son talent protéiforme -quand elle n’occupe pas la scène pour y jouer, y danser ou y chanter, elle écrit-, ses music-hall décalés, sa passion pour Nougaro, son goût pour l’érotisme et le corps amoureux, sa présence sensuelle. Oubliez tout cela, oubliez les lèvres rouges, les tenues sexy, et découvrez une autre Isabelle: vêtue d’une robe écrue sans grâce et le visage blafard, ce n’est plus le corps triomphant qu’elle exprime, mais le corps absent d’un esprit malade. La comédienne incarne Percie, une des quatre patientes d’un hôpital psychiatrique imaginées par François Emmanuel dans sa dernière pièce, Les Consolantes. C’est à travers la langue que les trois femmes dévoilent peu à peu leur façon d’être au monde. Percie se montre la plus loquace, sa parole abondante est littéraire, maniérée, théâtrale. Isabelle Wéry interprète sobrement et tout en nuances ce personnage complexe qui endosse, avec une étrange excitation, toute une série de rôles, dont principalement celui d’un psychiatre, le docteur Gottschelling, détenteur du pouvoir et maître de leur sort. Une manière d’assurer son ascendant sur ses compagnes et de masquer sa profonde fêlure: sait-elle qui elle est? Tantôt grave, tantôt joueuse, Isabelle Wéry suit Percie dans ses métamorphoses, au gré des situations et des dialogues qu’elle s’invente en permanence. Curieuse de percer le secret de la femme endormie qui vient de rejoindre leur chambre, Percie propose de fouiller sa valise; lettres, ordonnances, … peu à peu, au fil de cette mise à nu, l’histoire de l’inconnue servira aux autres de révélateur et son acte terrible résonnera en chacune. Jusqu’au bout, Isabelle Wéry aura trouvé le ton juste pour traduire l’ambigüité de son personnage. 

D.M.

Dans Les Consolantes

Texte François Emmanuel Mise en scène Pascal Crochet Créé au Poème 2 

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