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Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort

C’était la perle noire de la saison. Un travail minimaliste ultra raffiné orchestré par le metteur en scène David Strosberg qui décidément a l’art du bon choix singulier (texte, interprètes, scénographes, créateurs lumières, etc.). Qu’on se souvienne de Schitz d’Hanokh Levin ou encore Et avec sa queue, il frappe ! de Thomas Gunzig, pour n’en citer que deux de ses spectacles-tubes. Mémorable! Chaque fois un style épuré, des spectacles sombres et truculents sur la condition humaine, la famille,  l’individu, le monde.  Ici, il nous offre un texte d’une jeune auteure hollandaise primée, Esther Gerritsen. La trame: une femme est morte. Trois hommes de sa vie -le mari, le fils et le frère- se retrouvent pour préparer l’enterrement et autres deuils. De quoi déployer une partition à trois voix douloureuses, nerveuses, sensibles, pudiques, cocasses, acides et toujours au bord de l’incommunicabilité (masculine) des sentiments.  Sur scène : un carrelage sombre, en petites fissures, luisant comme un filet de larmes répandu, deux chaises et des lumières ciselées sur trois pointures: Philippe Grand‘Henry (le mari), Vincent Hennebicq (le fils) et Alexandre Trocki (le frère) qui est un super-héros de métier ! C’est qu’il débarque en espèce de justaucorps blanc, assez carré, avec un grand "S" sur la poitrine… De quoi nous rappeler que David Strosberg a toujours avec lui de l’insolite allumé, lui, le metteur en scène pointu qui va à l’essentiel.  Dans Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort, on reste subjugué par sa mise en scène incisive qui réussit avec brio le ton juste de la sincérité où, le jeu, le geste, le regard, les intonations, les silences, les emballements sont posés avec délicatesse sous l’humour du désespoir pour parler des humains. Impressionnant.

N.A.

Texte Esther Gerritsen Mise en scène David Strosberg 

Créé au Théâtre Les Tanneurs

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