Chargement...

Toâ

© DR

Il en va du théâtre comme des habits: si on les a soigneusement conservées dans un placard et si, au moment de les ressortir, on les assemble avec soin en y ajoutant quelques touches de fraîcheur, certaines pièces passent aisément du statut de "vieilleries" à celui de "vintage". Si l’on sait y faire, un petit pull des années 70 ou un vaudeville des années 40 peuvent avoir un cachet fou ! La preuve avec Toâ de Sacha Guitry. Ecrit en 1949, ce théâtre de boulevard passe étonnamment la rampe en 2022.

Grâce au savoir-faire de Daniel Hanssens, qui est à la comédie ce que Marcolini est au chocolat, les amants et maîtresses frivoles de Sacha Guitry, les portes qui claquent, le ballet des domestiques, et tout ce qui pourrait sembler suranné prend un tour parodique et cocasse. La mise en scène baigne l’intrigue dans son jus – décor réaliste, majordome en gilet, femmes aux toilettes chatoyantes – mais parvient à transcender la légèreté apparente de Guitry pour ciseler sa langue facétieuse et surtout faire rugir la mécanique rutilante de ses quiproquos et autres pirouettes de l’intrigue. 

Avec des rôles équilibrés, la pièce semble épargnée par les saillies misogynes qui ont fait la réputation de Sacha Guitry. Impossible de dire ici qui, des hommes ou des femmes, remporte la palme des trahisons amoureuses ou des répliques assassines. Chacune et chacun y va de ses manigances et de ses ripostes spirituelles pour servir l’impeccable horlogerie de la pièce. Mention spéciale à Marie-Hélène Remacle, absolument désopilante en domestique d’une déférence outrée et espiègle. C.M.


Toâ de Sacha Guitry, mis en scène par Daniel Hanssens.

Créé à la Maison de la Culture d’Arlon.

Avec Christel Pedrinelli, Stéphanie Van Vyve, Marie-Hélène Remacle, Daniel Hanssens, Marc Weiss et Robin Van Dyck 

Assistanat à la mise en scène Victor Scheffer Scénographie Francesco Deleo Costumes Béatrice Guillaume Lumières Laurent Kaye.

Production La Comédie de Bruxelles.

Nominations