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La Sœur de Jésus-Christ

© Lara Herbinia

C’est l’histoire d’une jeune femme déterminée. Sortant de chez elle au petit matin, pistolet à la main, elle entreprend la marche de sa vie. Une traversée du village de laquelle personne ne pourra la détourner. Elle, c’est Maria, la sœur de Jésus Christ, surnom donné à son cadet aux cheveux longs, recruté pour interpréter le Messie dans les processions de ce petit village écrasé par le soleil des Pouilles. Maria, on ne l’entendra pas. Son récit, son avancée sont racontés pas après pas par le chœur des habitants du patelin. Tous voient celle qui a été trahie gravir les marches de sa vengeance. Vieillards, commerçants, jeunes du coin, tous savent qu’aucun obstacle ne viendra l’interrompre. L’auteur italien Oscar De Summa raconte dans La Sœur de Jésus-Christ un coin d’Italie, sa hiérarchie sociale, ses croyances autant que ses mythes, et, par les voix détournées, un récit de la condition des femmes et, en miroir, de la domination masculine. Une sorte de western féministe, par son histoire de vengeance, ou, comme préfère la définir l’auteur, une histoire initiatique, de prise de conscience.

Il fallait tout le savoir-faire et le « nez » de Georges Lini pour nous faire découvrir ce texte extraordinaire et si bien le faire incarner par Félix Vanoorrenberghe. Vu à plusieurs reprises dans les créations du directeur artistique de la compagnie Belle de nuit, le jeune comédien, par sa maîtrise du plateau et du texte volubile de l’auteur italien, se glisse (littéralement) dans les habits de toutes celles et ceux qui croiseront la route de Maria. Il parvient à partager une urgence, à rapporter un fait extraordinaire dans un quotidien méridional fait d’habitudes. Accompagné de la multi-instrumentiste Florence Sauveur et ancré sur un plateau de plus en plus habité au fil de la pièce grâce à l’ingéniosité scénographique de Charly Kleinermann et Thibaut De Coster, il fait de ce coup de poing textuel et scénique, un joyau d’épure dramaturgique, littéraire et scénographique. N.N.


La Sœur de Jésus-Christ, d'Oscar De Summa (traduction de Federica Martucci), mise en scène de Georges Lini

Créé au Théâtre de Poche

Avec Félix Vannoorenberghe Musicienne et compositrice Florence Sauveur Collaboration dramaturgique Nargis Benamor Création vidéo Sébastien Fernandez Scénographie et costumes Charly Kleinermann et Thibaut De Coster Création lumière Jérôme Dejean Direction musicale et composition François Sauveur  Création sonore et composition Pierre Constant Coproduction Théâtre de Poche, Compagnie Belle de Nuit, La Coop asbl et Shelter Prod. Avec le soutien du taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge.

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