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Des caravelles et des batailles

© Hélène Legrand

En nous accueillant dans un refuge en montagne, Des caravelles et des batailles invite à pousser les murs de notre imaginaire. Il faut d’ailleurs tout imaginer de cet endroit de retraite qui accueille ses pensionnaires après de longues heures de marche. Pourquoi sont-ils là ? Pour sortir du monde, rien que ça. Une extraction d’un quotidien oppressant pour la pensée. Car ici, on reconstruit tout, y compris la vie qu’on se rêve, au sein d'une communauté libre de toute contrainte. À l’origine du projet construit par le collectif de comédiennes et comédiens qui le porte, Benoit Piret et Elena Doratiotto ont suivi ainsi le principe de Heiner Muller selon lequel l’imaginaire permet de dialoguer autrement avec le réel. Tout être humain porterait ça en soi, encore faut-il le révéler. Et ce spectacle rafraîchissant et profond de réussir à nous porter tout en nous surprenant par les étranges événements que vit cette communauté éclectique mais surtout sereine. On se pose et on s’écoute, du moins le croit-on. Car ce serait oublier le poids de l’histoire sur nos consciences – toujours écrite par les vainqueurs –, à l’image de cette fresque (invisible et à imaginer donc) retraçant les épisodes du massacre par Cortez de l’empire inca. Des caravelles et des batailles se sont aussi des références multiples, à Thomas Mann ou à Robert Musil, tout en laissant le public entrer dans son récit sans qu’il n’ait besoin de ses prérequis. Une fable intelligente et un appel au lâcher-prise, non sans conscience. N.N.


Des caravelles et des batailles d’Éléna Doratiotto et Benoît Piret.

Création au Festival de Liège.

Un spectacle de Wirikuta ASBL en coproduction avec Festival de Liège, Mars – Mons Arts de la Scène, Théâtre Jean-Vilar de Vitry- sur-Seine, Maison de la Culture de Tournai, La Coop ASBL.

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