Chargement...

Tchaïka

© Michael Galvez

En voyant Tita Iacobelli, la nécessité de monter La Mouette s’est imposée à Natacha Belova. Seule avec sa marionnette à taille humaine, la comédienne chilienne alterne de manière fascinante, grâce à son incroyable palette de jeu, entre quatre rôles, dont, principalement, la jeune Nina et Arkadina, au crépuscule de sa vie.

Outre l’incroyable performance de la marionnettiste, les silences, les respirations racontent autant que le texte épuré qui, en une heure et cinq scènes, résume l’essence du chef-d’œuvre de Tchekhov. Une petite forme, donc, pour un diamant brut taillé par la metteuse en scène et scénographe Natacha Belova, avec une émouvante sobriété. Dans cette atmosphère feutrée, la marionnette, qui incarne la vieille actrice, existe pleinement, par la voix, par les gestes, par la manière de se déplacer, de façon troublante parfois, tant grandit l’osmose entre les deux personnages qui osent un pas de danse.

Entre autres codes théâtraux, un ours en peluche, sorti d’une sacoche en cuir fatigué, devient le fils d’Arkadina, sa conscience, venu lui confirmer ses craintes, à savoir la liaison de Nina avec l’écrivain. Un dialogue métaphysique se glisse entre ces lignes de mauvais augure pour dire, avec talent et profondeur, l’injustice de la vie, le double drame de la vieillesse, du théâtre, du jeu et de la vérité. L.B.


Tchaïka de Natacha Belova et Tita Iacobelli, avec Tita Iacobelli.

Création belge au Festival au Carré (Mons).

Une production Ifo ASBL, en coproduction avec Mars-Mons arts de la scène, Théâtre Des Martyrs à Bruxelles, Atelier Jean Vilar à Louvain-La-Neuve.

Nominations